un air de déjà vu : ou pas. • pv calvin

Invité

Polly Jean claqua la porte de son petit, tout petit appartement, situé sur le campus, résidences Sigma Phi Epsilon. La jeune fille regarda sa montre, et sembla encore plus effarée qu'elle ne l'était alors : 14h45, elle était en retard pour ses cours de l'après-midi. Ayant finit bien avant midi, ce matin, elle avait pu rentrer se reposer un peu. Enfin, pas qu'un peu, en fait. Non mais, imaginez le topo. Vous êtes dans la confrérie la plus rock'n'roll, où la musique et l'art qui règnent généralement en maître. Déjà ça, c'est bien mais pas forcément pratique pour éviter les réputations du genre «babacool de merde», «junkie» ou quelque chose du genre. Mais qui dit musique dit musique, avec le côté matériel de la chose, soit des voisins très très trèèès musiciens. Tout comme Polly, c'est vrai. Mais, elle, se retenait pourtant de jouer de la guitare la nuis, contrairement à l'un de ses voisins. Pourtant, tout y était passé. Somnifères, couettes et re-couettes, cris, rien n'y avait fait : ce foutu voisin n'avait voulu se coucher = nuit blanche assurée. C'est donc maussade que Polly Fitch était partie en cours, et maussade qu'elle en était revenue, bien décidée à faire une petite sieste -le premier qui fait un commentaire là dessus, je peux vous assurer qu'elle vous fait bouffer votre slip-. Ce qu'elle fit, mais à rallonge. Réveillée en retard, elle n'avait rien avalé -chose très très grave-, et avait loupé son premier cours de l'après-midi. C'est donc là que nous retrouvons Polly, noyée de désespoir, à la limite du gouffre du pic de la colline de la montagne.

Désormais convaincue qu'il était inutile de ramener son petit minois en cours de maths -oh, dommage-, elle s'était tout de même décidée de réviser ses cours, du moins un peu. Un tout petit peu ? Mais avant cela, il fallait qu'elle gagne son casier, situé au milieu du couloir du milieu du milieu du pavillon ~~du milieu~~ central. D'un pas décidé, elle gravissait les marches de l'entrée, puis longeait les couloirs, jusqu'à enfin arriver à son casier. Sauf qu'une fois de plus, quelque chose d'imprévu vint changer ses plans : quelqu'un était vraisemblablement appuyé sur son cher casier. Polly s'approcha, à la limite de l'explosion, et hocha la tête. Effectivement CETTE personne était adossée sur SON casier. Non mais, jamais vu, ça ?!

POLLY

— « Wesh monsieur, hm voilà, je t'explique mon problème, t'es adossé à mon casier et tu vois je... »

Polly s'était coupée, marquant une pose de surprise. D'ailleurs, cette dernière se lisait parfaitement sur son visage, sur lequel sa bouche rosée état légèrement entre-ouverte, et ses yeux écarquillés. Elle ne connaissait pas ce gars, et pourtant... Non, elle avait déjà du le voir, enfin, à Yale vous savez, tout le monde se voit. Mais Polly en était persuadée, ce n'était pas ça. Une histoire d'un soir ? Non, ce blondinet était bien trooop mignon pour qu'elle l'oublie, ou alors, elle était vraiment shootée. Décidant de reprendre ce qu'elle disait, elle hocha la tête, pourtant perturbée.

POLLY

— « Excuse moi hein, maaaais... On se connaîtrais pas, par hasard ? »

Invité

J’avais droit à une pause d’une heure. Entre quatre heures d’histoire de la musique, c’est un peu nécessaire. Disons que si on ne nous laisse pas de pause, à la fin, on est intenable et c’est le prof qui en a vraiment besoin d’une. Avec deux ou trois amis, on est allé dans un des nombreux couloirs à casiers et je me suis rapidement adossé à l’un d’eux. Et bien oui, j’suis vite fatigué, c’est pas de ma faute quand même. Je riais avec mes amis quand l’un d’eux m’a tapé l’épaule assez violemment (j’ai presque faillit tomber) et m’a montré « discrètement », la jeune fille qui venait dans notre direction.

« Celle-là, si elle passait pas loin de ma chambre, j’vous garantie pas de résister à la tentation… »

Et les voilà qui éclate d’un rire ignoble. Je hais les mecs comme ça, réellement, j’sais même plus pourquoi j’ai décidé de venir avec eux. Si, je me souviens. C’est parce que j’ai repéré une fille qui traînait chez nous assez souvent. Son visage me disait vaguement quelque chose, et j’supporte pas rester dans l’indécision, surtout envers des personnes que je pourrais connaître. Le truc auquel je m’attendais pas, c’était de la voir débarquer justement, et s’adresser à moi, comme si j’étais un mec quelconque. Ca m’a fais un truc bizarre. J’pensais qu’elle me reconnaîtrais, ça m’aurait aidé à la reconnaître après. Mes potes sont restés bouche-bée quand elle s’est mise à nous parler. A vrai dire, moi aussi. Tout chez elle me rappelait une petite fille que j’ai rencontrée à Sydney. Okay, j’avais 10 ans, mais quand même, je m’en souviens un peu. Et à en croire la tête qu’elle a faite quand je l’ai regardée, je ne lui pas inconnu non plus. Elle reprit le court de sa phrase et quand je compris que c’était sur son casier que j’étais appuyé, je me dégageai le plus rapidement possible. Quand elle me posa la question fatidique, je me retournais vers mes « amis » et leur disait que je les rejoindrais plus tard. Ils partirent, en riant encore, et moi, je me retournais vers la petite brune qui était occupée dans son casier.

« J’me disais exactement la même chose. Enfin, ça fait deux trois fois que j’te vois chez les Sigma et… J’sais pas, ton visage me disait quelque chose… Prends pas ça pour une vieille technique de drague hein ! J’suis vraiment sérieux. »

Je laissais le thème en suspend. J’essayais de rassembler tous mes souvenirs pour être sur que je ne me trompe pas. Je parvenais à peine à remettre un prénom sur son visage, mais je me souviens de son nom. Son père, si c’était elle, avait joué dans une salle ou mon père à moi, m’avait emmené. Tout revenait dans l’ordre.

« Fitch ! Polly Fitch, c’est ça ? Si c’est pas ça, alors j’suis vraiment désolé d’être passé pour un gros relou »

Je passais la main dans mes cheveux. C’est un tic que j’ai quand je me sens un peu gêné ou inconfortable. C’était carrément étrange, mais j’avais le sentiment que j’avais raison, ou du moins, que la vérité n’était pas si loin que ça…

Invité

Polly haussa les sourcils, et resta inactive quelques secondes. Feignant ne pas être concernée, elle ouvrit son casier, désormais libéré par le jeune homme et ses amis. Un sourire en coin, provoqué par la justification du discours du grand blondinet (ou châtain clair, mais ça on s'en fiche ), vint se loger sur les lèvres de Polly. C'était vraiment trognon, de le voir galerer comme ça. Ouais, un peu méchant de penser ainsi, peut-être. Le sourire de la jeune fille se figea derechef, quand je garçon prononça son prénom. Il connaissait son nom. Certes, beaucoup de gens connaissaient son nom, mais lui... elle ne se souvenait pas lui avoir adressé la parole récemment, ni quoi que se soit de ce genre. Il était chez les Sigma, elle devait donc l'avoir déjà vu là bas... c'était sûrement ça. Polly essayait tant bien que mal de se rassurer, car s'il y avait une chose qu'elle détestait, c'était de ne pouvoir mettre un prénom sur un visage. Le reconnaître c'était bien beau mais certainement pas assez.

POLLY

— « Non c'est bien ça, moi c'est Polly mais,... j'arrive pas à te situer, si tu vois ce que je veux d... »

Soudain un geste qui aurait pu vous sembler anodin et banal frappa au visage de Polly. Le genre de révélation qui vous prend d'un coup, et qui vous semble alors évidente. On se demande alors comment on a pu ne pas y penser, comment on a pu rater ça. La plupart du temps, cela vient d'une parole, d'une image. Dans ce cas là, ce ne fut ni l'un ni l'autre. Un geste, un simple geste suffit à ramener à Polly toutes sortes d'images et souvenirs qui l'avaient hantés, plus jeune. La mèche que le jeune homme remit à sa place, acte sans importance aux yeux de tout le monde, qui rappela tout de même à Polly bon nombre de souvenirs. Dans un film, c'est à ce moment là que la musique retentit à vos oreilles, un gros plan sur le visage de l'un des personnages. Dans un feuilleton télé, il y aurait même eu un arrêt sur image, marquant la fin de l'épisode, le début du générique de fin. C'est dans la tête de Polly, que se générique se déroula, avec pour acteurs principaux Calvin Brightside et son père, Polly Fitch et le sien. La palme d'or du plus beau film pour enfant, avec une amitié comme on en voit souvent. Ou quand 10 minutes de côtoiement deviennent une amitié solide et éternelle, jusqu'au lendemain du moins. Bien que bon nombre de gens remettent nerveusement une mèche de cheveux en place lorsqu'ils sont gênés, tous n'ont pas cette façon d'accomplir le geste, propre à Calvin. Si vous doutiez de l'attachement de Polly aux détails médiocres, vous voilà plongés dans la réalité. Secouée par les images du passé, Polly referma alors -un peu violemment- son casier, et dévisagea Calvin, complètement secouée.

POLLY

— « Nomdidiou, CALVIN ? Calvin Brightside ?! C'est toi ?! »

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