As wild as an elephant's child. [R.]

As wild as an elephant's child. [R.] 30ju58g

« Tu fais attention au petit surtout, tu sais, le zoo. » J’avais posé mon regard sur Jayda avec un petit sourire bienveillant. « Ne t’inquiètes pas, je vais faire attention. » Le prenant dans mes bras, j’étais finalement partie de l’habitat de la jeune femme. Ce n’était pas la première fois que j’emmenais le fils de Jayda au zoo. D’ailleurs, je me demandais parfois si je le faisais pour lui, ou pour moi, une grande fan des animaux. Quand bien même, j’avais alors installée le petit dans ma voiture, pour partir vers le zoo. Chose fait, j’avais alors appelée mon très cher cousin, lui demandant de venir de toute urgence au zoo. J’avais fais semblant d’être en larmes, je savais ô combien mon cousin était en réalité un héros chevaleresque. Ou en tout cas, c’était le cas dès que je l’appelais. Le pire de tout, c’était que Luke tombait toujours dans le panneau, je l’appelais pour tout, pour qu’il aille me chercher mes tampons, pour qu’il m’aide à retrouver mon t-shirt préféré, j’arrivais même à le forcer à me faire à manger, en faisant semblant d’être malade. J’appréciais le faire tourner en bourrique, puisque je devais supporter les nombreuses conquêtes qu’il faisait venir dans l’appartement, alors que je ne pouvais pas ramener un seul garçon, au risque que Luke le fasse fuir si je m’absente quelques instants. Tenant le petit Valente par la main, je guettais l’entré du zoo, attendant de voir apparaitre mon cher cousin, dans son éternel costume gris, la classe incarné, un petit sourire en coin. Mais à la place, je le vis arriver, les sourcils froncés, les cheveux difficilement domptés. Allant à sa rencontre, j’avais posé ma main sur son épaule, en le regardant dans les yeux. « Une nuit difficile ? » Pour dire vrai, je ne lui laissai pas le temps de répondre que je tenais déjà son bras après l’avoir embrassé sur la joue.

Tirant Luke à l’intérieur du zoo, celui-ci se stoppa soudainement, en me fixant. « Et ton urgence ? » Affichant un sourire innocent, il aurait presque pu imaginer une auréole au dessus de ma tête. « Je ne voulais pas être seule. » Valente s’était approchée de Luke, pour mettre une main autour de la jambe du jeune homme. Luke avait alors baissé les yeux, alors que j’essayais d’étouffer un éclat de rire. « C’est quoi, ça ? » Malheureusement, je ne pu garder mon calme, et éclata de rire, pour finir par prendre le petit garçon dans mes bras. « Ca, c’est l’enfant de Jayda. » Puis, j’avais repris ma route, Luke qui trainait des pieds. « Alors, qu’est-ce que tu as encore fais cette nuit ? Une blonde, une brune, une rousse ? Les trois en même temps ? » En réalité, je détestais parler de cela. J’étais possessive, le voir avec une prétendante différente, chaque jour, me donnait des envies de massacre. D’ailleurs, il n’était pas mieux. C’était peut-être égoïste de ma part, mais je souhaitais garder Luke pour moi, parce qu’il était le seul à supporter ma joie de vivre, et mes agissements parfois enfantins. Luke était un peu comme un ours à mes yeux, un bisounours même. Je savais que mes agissements pouvaient parfois l’énerver, que mon côté affectueux et tactile pouvaient le gêner, puisqu’il était loin d’être très démonstratif. Mais il était un peu comme un frère, à me protéger de tout, et de n’importe qui. Il accourait dès que je l’appelais, et ça, ça me faisait l’aimer un peu plus d’avantage, moi qui n’ait jamais eu la chance d’avoir un lien comme celui-ci envers ma famille.

La sonnerie du téléphone portable dernier cri de l'héritier résonna ; agressive et trop forte, elle était en ce midi bien malvenue car elle venait de réveiller un Luke bien endormi, dans un lit qui n'était pas le sien et entouré de deux jeunes filles divines aux longues jambes. Ce qui lui importait néanmoins pour le moment, c'était de faire taire ce fichu téléphone qui lui arracha un gémissement froidement agacé alors qu'il tendit la main pour raccrocher automatiquement ; chose qu'il aurait faite avant de balancer son portable à travers la pièce pour lui faire payer son réveil, s'il n'avait pas entre aperçut le nom de sa bien aimée cousine sur l'écran tactile. Passant alors une main sur son visage dans un bref soupir, Luke reposa brutalement sa tête brune sur son oreiller, ne se gênant guère pour faire comme chez lui voire réveiller à son tour ses compagnes d'une nuit en ne cherchant pas à baisser d'avantage sa voix dont le timbre était déjà grave et se faisait habituellement murmure.

« Chanel, t'as vu l'heure ? » fit-il en dardant du coin de l'oeil, passablement agacé, le radio réveil affichant onze heures et demi du matin.
« Luke j'ai besoin de toi au zoo, je t'en prie c'est vraiment urgent. »
« D'accord, j'arrive... »

Un léger soupir s'échappa de ses lèvres froides malgré cette légère angoisse lui montant au ventre. Bien souvent, sa cousine adorée se servait de cette tactique pour le faire venir, là où en temps normal Chanel aurait du implorer son égocentrique cousin pour qu'il ne daigne venir. Et à chaque fois l'héritier tombait dans le piège : non pas qu'il ne se doutait pas que la belle blonde faisait encore des siennes en l'appelant à la rescousse pour quelques détails sans importances en lui faisant croire à une urgence, mais parce qu'il savait pertinemment qu'il ne se pardonnerait jamais de refuser son aide à la jeune demoiselle si elle se trouvait vraiment dans l'embarras et qu'elle avait besoin de lui. Pour autant, il était à prévoir qu'un jour ou l'autre Luke ne décide de lui raccrocher au nez et de ne pas rappliquer aussitôt, chose qu'il ne ferait pas aujourd'hui néanmoins. Se levant alors du lit sous le regard des deux demoiselles à moitié éveillées qui peinaient à se redresser, le jeune Santori s'appropria la salle de bain à vitesse éclair avant d'en ressortir avec ses affaires de la veille. La douche glaciale et rapide l'avait quelque peu remis d'aplomb, mais n'effaçait guère la gueule de bois qu'il avait alors pour lui. Se sentant de ce fait nauséeux, Luke aurait tout donné pour aller se coucher et laisser passer cet horrible mal de crâne qui semblait aller en s'amplifiant, mais sortit finalement de la chambre sans même un mot ni un regard pour ses compagnes d'une nuit qui soudain ne semblaient plus exister à ses yeux. Embarquant alors dans sa limousine l'attendant au pied de l'immeuble conformément au message qu'il avait envoyé à son chauffeur, il put se rendre rapidement sur place, et tomber nez à nez avec une Chanel pimpante, fraîche et pétillante, qui semblait bien loin de la pseudo crise de larmes qu'elle lui avait faite au téléphone. Luke quant à lui, avait les traits marqués par la fatigue, le teint blême et les cheveux mal coiffés, mais même ainsi il parvenait à garder sa prestance légendaire. Le jeune homme eut à peine le temps d'avancer un mot que déjà la belle blonde lui attrapa la main pour le trainer vers le zoo, sous la réticence de l'héritier qui fronça les sourcils avant de se stopper : l'avait-elle vraiment sorti d'un sommeil d'à peine quatre heures, parsemé d'effluves de vodka ou autres substances hallucinogènes, pour une balade au zoo ?

« ... Tu te fiches de moi ? Et ton urgence ? »
« Je ne voulais pas être seule. »
« C’est quoi, ça ? »

Le regard ambré et agacé de Luke se posa alors sur un petit angelot blond s'accrochant alors à sa jambe ; s'il y avait bien quelque chose avec laquelle l'héritier avait du mal, c'étaient les enfants. Si cela ne tenait qu'à lui, le garçonnet aurait eu tôt fait d'avoir un discours pervers sur les jeunes demoiselles de la part d'un Luke peu habile en psychologie enfantine, sachant surtout que ce dernier n'avait guère la patience de les supporter.

« Ca, c’est l’enfant de Jayda.. »
« Je hais les enfants. »

La voix suave et sensuelle de Luke traînait dans un timbre lascif, au moins autant qu'il trainait les pieds, rechignant à faire cette balade au zoo ; il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas fait de sorties de ce genre. Les distractions de Santori se limitaient aux bars, boîtes de nuit, fêtes de luxe, n'incluant que filles faciles et main légère sur l'alcool, mais pour le reste il y avait bien longtemps qu'il avait fait abstraction. Sa cousine néanmoins avait gardé son âme d'enfant, et en vérité les différences entre les deux cousins étaient tant monumentales que c'était à se demander comment ils parvenaient à se supporter. Sans doute avaient-ils réussi à conserver ce lien si particulier les unissant étant enfants, et qui perdurait encore aujourd'hui. Ne prêtant guère plus attention au blondinet alors logé dans les bras de Chanel et qui s'émerveillait sur le compte des animaux tournant en rond dans leurs réserves, Luke s'arrêta alors aux côtés de sa cousine qui s'était stoppée auprès de l'enclos des lions paresseux au grand plaisir du petit Valente poussant des cris d'admiration.

« Si tu voulais lui montrer des bêtes en cage, tu aurais pu te contenter de Yale et de la résidence de Kappa, ça regorge de primates arriérés. »

Le sarcasme, comme toujours, faisait partie de la personnalité de Luke, dont les paroles acides soufflées en un murmure suave paraissaient sincères tant il n'esquissa aucun sourire amusé. Visiblement, l'héritier était de mauvaise humeur, ce qui l'induisait à être désagréable. Néanmoins sa cousine le connaissant trop bien, passa outre et s'attarda sur un autre sujet.

« Alors, qu’est-ce que tu as encore fais cette nuit ? Une blonde, une brune, une rousse ? Les trois en même temps ? »
« Je préfère les brunettes, elles ont le sang chaud. » fit-il en décochant enfin un sourire vicieux en coin avant de reprendre. « ... Je ne m'en souviens pas, il y avait une soirée privée au Sweet Paradise et je me suis réveillé à State Street. Je suppose que c'étaient des stripteaseuses... » Ne s'attardant guère d'avantage sur le sujet, le regard ambré de Luke dévia alors sur le petit garçon, lui faisant alors penser à tout autre chose. « A quelle heure Jayda doit venir le récupérer ? »

Cela n'était en rien une question anodine ou distraite, elle trahissait seulement la volonté du jeune Santori d'avoir la jeune femme face à lui pour lui parler de nouveau de ces fameux sept mille dollars qu'elle lui devait...